PARIS - En 25 ans, la situation des Français appartenant à la classe moyenne s'est davantage rapprochée de celle des bas revenus que celle des hauts revenus, en matière de chômage, de pouvoir d'achat et de logement, selon une étude du CREDOC sur les conditions de vie en France, publiée lundi. Parallèlement, les hauts revenus se détachent de plus en plus de ces deux autres catégories de la population.
Le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC) a identifié trois catégories de Français à savoir les hauts revenus, 20% de la population percevant les plus hauts revenus, les bas revenus représentant les 20% de la population percevant les plus bas revenus, et les classes moyennes, soit 60% de la population se situant entre ces deux groupes.
Globalement, ce sont les classes moyennes qui se montrent les plus inquiètes pour l'avenir, avec 76% d'individus qui pensent que leurs enfants auront un niveau de vie inférieur au leur (70% des bas revenus, 71% des hauts revenus).
De même, en ce qui concerne le chômage, 12% des classes moyennes déclaraient être au chômage ou sans emploi en 2007, (34% des bas revenus et 6% des hauts revenus), mais 15% de cette catégorie déclarent se sentir menacés par le chômage, contre 13% des bas revenus et 11% des hauts revenus.
Sur 25 ans, ces chiffres restent stables, avec cependant une nette hausse de la proportion d'individus au chômage chez les bas revenus (10% en 1980, 34% en 2007) et les classes moyennes (3% en 1980 et 12% en 2007, avec un pic de 19% en 1998).
En matière de pouvoir d'achat, 76% des bas revenus et 69% des classes moyennes indiquent s'être imposé régulièrement des restrictions sur un ou plusieurs postes de leur budget (contre 37% des hauts revenus). Ce sont également ces deux catégories de Français qui ont ressenti une dégradation de leur niveau de vie ces dix dernières années (1997-2007), avec 30% des bas revenus qui ont une impression négative et 23% des classes moyennes.
Les inégalités se sont creusées ces 25 dernières années pour l'accès à la propriété, et le patrimoine, avec 33% des bas revenus et 46% des classes moyennes propriétaires de leur logement ou accédant à la propriété contre 70% des hauts revenus en 2007, et 55% des bas revenus et 48% des classes moyennes jugeant que le poste logement constitue une charge "lourde ou très lourde" dans leur budget. Ils ne sont que 26% à le penser chez les hauts revenus.
Dans les années 80, la proportion de Français propriétaires de leur logement était similaire dans les trois catégories de Français, l'écart commençant à apparaître dans les années 90.
En terme de patrimoine, seuls 9% des bas revenus et 12% des classes moyennes disposent de valeurs mobilières, contre 36% des hauts revenus en 2007.
Cette inquiétude se reflète sur la santé de ces catégories de Français, avec 21% des bas revenus et 16% des classes moyennes jugeant que leur état de santé n'est pas satisfaisant (7% des hauts revenus). Une impression concrétisée par 19% des bas revenus et 15% des classes moyennes souffrant d'état dépressif (9% des hauts revenus). Les proportions étaient quasi-identiques entre les trois catégories dans les années 80.
En revanche, le CREDOC note une "convergence relative" sur les biens d'équipement (télévision -97%- pour tous, téléphone portable) mais l'équipement en micro-ordinateur et internet marque les différences de revenus (85% d'équipement chez les hauts revenus contre 40% chez les bas revenus et 48% chez les classes moyennes; 60% de connexion internet chez les hauts revenus, 36% chez les classes moyennes).
En matière de culture, le cinéma et la bibliothèque sont fréquentées en proportion égale alors que les hauts revenus vont davantage au théâtre (31% contre 11% des bas revenus et 13% des classes moyennes), au musée (54%, 30% des classes moyennes et 25% des bas revenus) et au spectacle-concert (55% contre 36% pour les deux autres catégories).
Cette analyse des modes de vie des hauts revenus, des bas revenus et des classes moyennes en France depuis plus de 25 ans (1980-2007), s'inscrit dans une enquête plus large du CREDOC sur les conditions de vie et aspirations des Français à paraître en janvier 2008. Elle s'appuie sur l'analyse de données recueillies chaque année depuis 1979, en face-à-face auprès de 2.000 personnes (méthodes des quotas, échantillon renouvelé chaque année).