Par Nicolas Fichot Reuters
TOULOUSE (Reuters) - La nouvelle salle des sports de Saint-Christophe-Vallon fait certes la fierté de son architecte et du maire de cette commune de l'Aveyron mais elle risque fort de ne jamais servir en raison de ses lignes audacieuses.
Par un effet d'optique voulu par l'architecte, le sol de cette salle des sports donne l'impression de pencher, au point que ses détracteurs se croient à bord du Titanic.
"Ah, ça non! Il n'est pas question que je signe l'agrément fédéral pour cette salle. D'accord, le sol est droit. D'accord, le ballon ne bouge pas quand on le pose au milieu du terrain. N'empêche, on se croirait sur le Titanic. Ce n'est pas jouable", s'emporte Claude Authié, président de la ligue Midi-Pyrénées de basket-ball.
"Et je sais de quoi je parle", a déclaré jeudi à Reuters ce responsable présidant aussi la commission des équipements de la Fédération française de basket-ball.
"Ce n'est pas jouable. Tout part de travers à force. C'est la première fois de ma vie que je vois ça. Et le plus drôle, c'est que le ballon, si on le pose, il ne bouge pas. C'est le joueur qui a le mal de mer. Impossible à jouer, je vous dis."
De son côté, Jean-Claude Jupin, président de la communauté de communes englobant Saint Christophe-Vallon, commanditaire de ce projet architectural, dénonce la posture "ridicule" du président de la ligue régionale.
LIGNE BLEUE DES VOSGES
"Cette salle est un outil magnifique et rare. D'accord, elle est bâtie de biais pour épouser la ligne du terrain naturellement en pente. Mais les sols sont droits, les panneaux de basket aussi, comme les cages de hand. Ce président de la ligue de basket est ridicule", a-t-il dit à Reuters.
"Et puis on peut toujours s'arranger. S'il le faut, on peindra des grosses lignes bleues derrières les panneaux pour figurer l'horizontale vraie", a-t-il ajouté.
Ce président de communes est d'autant plus contrarié que cette installation sportive représente un investissement d'un million et demi d'euros.
L'architecte Jacques Lacombe est le premier désolé par la tournure des événements.
"Il y a un parti pris volumétrique dans ce bâtiment, c'est évident, puisque l'intégration de ce gymnase à son milieu lui donne son propre dynamisme par le biais d'effets optiques", a-t-il dit à Reuters.
"Mais nous sommes quand même en démocratie", ajoute l'architecte. "Il faut discuter. Tout peut s'arranger. Il suffirait de peindre une grosse bande bleue bien horizontale derrière les cages et même d'ajouter des filets de protection derrière les cages aussi, bien horizontaux eux aussi, pour estomper cette impression visuelle."
"Une ligne bleue?", répond par avance Claude Authié. "Et pourquoi pas la Ligne bleue des Vosges? Je vous dis que ça ne suffira pas. Tant qu'on se croira sur le Titanic, je ne signerai pas!"