ATHENES (AFP) - La justice grecque a commencé à examiner mardi si l'usage du qualificatif "lesbienne" pouvait être interdit aux homosexuelles, à la demande d'habitants de l'île de Lesbos qui dénoncent une "confiscation offensante" du terme par ces dernières.
"Ma mère, ma fille, ma soeur ont honte de dire qu'elles sont lesbiennes, c'est à dire originaires de Lesbos. A l'étranger nos femmes se cachent", a plaidé devant un tribunal d'Athènes Iannis Axlopitas, un quinquagénaire originaire de l'île, vivant à Montréal.
"Partout, sur internet, dans les journaux, la confusion est entretenue, cela est offensant pour notre terre d'origine", a-t-il insisté, témoignant en faveur des plaignants, deux habitantes de l'île et l'éditeur d'une revue nationaliste païenne, Dimitris Lambrou.
Seul des trois demandeurs présent à l'audience, M. Lambrou demande aux juges d'interdire que l'Union grecque des homosexuels et lesbiennes (Olke) continue de porter ce nom. Il demande aussi que tous les "journaux et magazines" cessent d'utiliser le terme pour désigner une homosexuelle, a-t-il dit.
"Ma propre fille n'a jamais eu de problème, pas plus que la fédération des associations lesbiennes formées par des habitants, ou les autorités locales", a rétorqué Thémistocle Kefalas, témoin de l'Olke et avocat à Lesbos.
Il a souligné que l'Olke n'avait "pas inventé le terme lesbienne, utilisé depuis au moins le XVIIIme siècle et désormais dans le monde entier" pour désigner une homosexuelle.
Située au nord-est de l'Egée, la patrie de la poétesse antique, Sappho, figure tutélaire de l'homosexualité féminine, est souvent appelée en Grèce du nom de Mytilène.
Parmi la vingtaine de militants homosexuels présents à l'audience, la représentante de l'Olke, Evangélia Vlami a dénoncé une attaque "raciste". L'avocat de l'organisation, Me Vassilis Chirdaris, s'est pour sa part ému du "ridicule que ce genre d'affaire fait porter sur le pays".
La décision du tribunal est attendue d'ici un mois.