D’après le psychanalyste Michael Stora, la démocratisation d’internet a entraîné des conséquences sur notre vie sociale.
Nous appartenons tous désormais, à une double communauté : une devant et une derrière l’écran. Avec la multiplication des réseaux sociaux, des chats et des forums, les occasions de rencontrer de nouvelles personnes sont pratiquement illimitées. Mais ça n’a rien de forcément dramatique, au contraire.
Des effets positifs sur les gens déjà bien socialisés
Certaines personnes sont très impliquées dans les relations sur internet via les forums, chats, réseaux sociaux… Mais cette hyper sociabilité virtuelle encourage-t-elle le développement de sa sociabilité dans les sphères traditionnelles telles que le travail, les groupes d’amis ou les associations ? Une étude menée en 2003 au Luxembourg a montré que l’usage d’internet a une effet positif sur les relations sociales. Cet effet est d’autant plus important pour les personnes ayant changé de travail ou déménagé. Ils utilisent davantage internet pour entretenir ou renouveler leur réseau de connaissances.
Ce sont les personnes ayant déjà un fort réseau relationnel qui tirent le plus profit d’internet. Au contraire, les personnes les moins intégrées dans la société s’isolent davantage en se contentant de relations virtuelles.
Pourquoi les gens se confient-ils beaucoup sur internet ?
Aujourd’hui, les forums de discussion remplissent une véritable fonction sociale. Avant, on demandait conseil à ses pairs, aux femmes du village par exemple. Dans notre société, les gens sont plus isolés. Ils ont abandonné cette notion de partage trans-générationnel. En se confiant sur internet et en divulguant son expérience personnelle, on comble aussi évidemment un sentiment de solitude. La relation qui s’instaure entre les internautes tient presque du rapport patient/psychanalyste. Les gens peuvent confier des choses terriblement intimes car ils ne savent rien les uns des autres. La parole se libère plus facilement.
Quelles sont les conséquences sur la vie sociale ?
Le principale risque est l’addiction aux discussions en ligne. Si une personne devient trop dépendante de ce genre de relations, elle peut se couper complètement du monde réel. Ces comportements sont souvent le résultat d’un événement traumatisant comme un licenciement, une rupture amoureuse, un deuil…
Mais les relations virtuelles peuvent aussi avoir des conséquences très positives. J’ai eu par exemple une patiente qui avait été élevée dans un milieu très catholique, qui n’avait plus de relations sexuelles avec son mari et qui n’arrivait pas à voir la sexualité comme un plaisir. Elle s’est mise à chatter sur des sites de rencontres, des hommes ont réussi à lui faire prendre conscience de sa dimension charnelle. Et elle a repris confiance en elle.
Les relations virtuelles peuvent avoir un effet désinhibant. En mettant en scène ses fantasmes sur internet, on intègre la capacité d’oser