Education - Grève massive annoncée dans les écoles
La journée nationale d'action prévue jeudi devrait être particulièrement suivie dans le primaire : 69% des professeurs des écoles pourraient suivre le mouvement.
La question du service minimum d'accueil à l'école devrait se poser avec acuité, alors que le bras de fer se poursuit entre élus locaux, préfets et tribunaux administratifs.
Après les pilotes le week-end dernier, avant la SNCF et la Poste en fin de semaine, ce sont les enseignants qui s'apprêtent à faire grève ce jeudi. Ils entendent protester, entre autres, contre la "dégradation de leurs conditions de travail" et contre les 13.500 suppressions de postes inscrites au budget 2009. Le mouvement s'annonce massif : la quasi-totalité des syndicats enseignants du primaire (public et privé) et du secondaire, ainsi que le Snesup (premier syndicat de l'enseignement supérieur), appellent à faire grève et à manifester. En ce qui concerne le primaire, selon les dernières prévisions en date du Snuipp-FSU, premier syndicat du secteur, établies à partir des remontées de 69 départements, pas moins de 69% des professeurs des écoles n'iront pas au travail ce jour-là. "Il faut remonter à mai 2003 et aux actions contre les retraites pour atteindre ce taux", souligne Gille Moindrot, secrétaire général du syndicat.
Jeudi, le mouvement de grève devrait être particulièrement suivi dans les écoles maternelles et élémentaires du Tarn-et-Garonne (avec un taux de grévistes de 82%), mais aussi dans l'Ain, le Cher, le Doubs, la Haute-Garonne, la Gironde, l'Hérault, l'Indre-et-Loire, la Loire, le Loiret, le Maine-et-Loire, la Mayenne, l'Essonne, ou encore la Guyane, où le taux de grévistes attendu est de 80%. Les départements où ce taux sera moins élevé sont le Haut-Rhin (40%), la Charente, la Lozère et le Bas-Rhin (50%), ou encore la Somme (55%). A Paris, le taux de grévistes estimé par le syndicat est de 70%, avec 208 écoles où tous les enseignants seront en grève et 554 écoles où le taux de grévistes sera supérieur à 25% (soit, selon la loi, le seuil requis pour déclencher le droit d'accueil) sur 660 écoles parisienne au total. Dans l'Ain, dans 250 écoles sur 495, tous les enseignants seront en grève. En Meurthe-et-Moselle ce sera le cas dans 390 écoles sur 780. En Seine-Saint-Denis, ce sera le cas dans 300 écoles sur 788.
Premier grand test au niveau national pour le service minimum d'accueil
Une nouvelle fois se posera donc le problème du service minimum d'accueil à l'école. Ce sera d'ailleurs le premier grand test au niveau national pour ce dispositif qui oblige les communes à organiser un accueil des élèves dès que plus de 25% des enseignants d'une école se sont déclarés grévistes. Le Snuclias-FSU, syndicat FSU des agents des collectivités locales, a appelé dès lundi les agents des écoles et des collectivités locales à "s'opposer à toute tentative de mise en place" de ce service. Dans son communiqué, le syndicat a dénoncé "le gouvernement et son ministre de l'Education Xavier Darcos" qui "tentent à la fois de limiter le droit de grève de chaque fonctionnaire, tout en voulant dresser les personnels les uns contre les autres". Et à Paris, la mairie a d'ores et déjà fait savoir qu'elle serait "dans l'impossibilité" d'assurer l'accueil des enfants prévus par la loi.
Plusieurs municipalités socialistes du grand Ouest - Brest, Cherbourg et Nantes - ont fait des annonces similaires. Même chose à Clermont-Ferrand. Et ces cas pourraient faire école : de nombreux élus locaux jugent toujours ce service minimum d'accueil inapplicable, tandis que les tribunaux administratifs ont été saisis pour obliger les réticents à se conformer à la loi. Le tribunal administratif de Toulouse, saisi en référé par le préfet de Haute-Garonne à quelques jours de la journée d'action du 20 novembre, a ainsi récemment enjoint à la mairie de Toulouse d'organiser ce service qu'elle refusait de mettre en place. Cas similaire : le préfet de la Charente a également saisi le tribunal administratif contre les décisions des communes de Cognac (PS), Chirac (PC) et Linars (SE) qui ont refusé, par délibérations, d'organiser le service minimum d'accueil. Mais dans ce même département, les élus de quinze communes, dont Angoulême et Cognac, ont signé une motion contre "le service minimum à l'école" jugeant le texte "inapplicable et dangereux".