Pneumatique - Goodyear veut supprimer plus de 800 emplois à Amiens
La direction de Goodyear-Dunlop Tires France a annoncé mardi un nouveau plan social prévoyant 817 licenciements pour l'usine de pneus d'Amiens-Nord.
La direction a par ailleurs annoncé la mise en vente de son activité de pneus agricoles, qui concerne plus de 440 postes, selon la CFTC.
En mai 2008, la direction de Goodyear-Dunlop Tires France annonçait un plan social prévoyant 402 licenciements. C'était le début d'un bras de fer avec les syndicats qui devait aboutir à l'annulation de la procédure en novembre par le tribunal de Nanterre, pour non respect par l'entreprise des procédures légales, avant que le plan social ne soit finalement autorisé par la cour d'appel de Versailles. Un an plus tard, la crise est passée par là, et c'est non plus 400 emplois que l'entreprise prévoit de supprimer, mais 817 dans son usine de pneus d'Amiens-Nord, qui emploie en tout 1400 personnes. L'annonce de ce nouveau plan social a été faite lors d'une réunion du CCE, et le projet a été dévoilé par la CFTC.
La direction, invoquant une dégradation supplémentaire de son activité due à la crise, avait fait savoir dès mars qu'un millier de postes de l'activité pneumatiques tourisme étaient menacés, tout en annonçant aux syndicats le retrait du précédent plan. Les 817 licenciements concernent la production de pneus automobiles, dite "pneu tourisme". La direction a par ailleurs annoncé la mise en vente de son activité de pneus agricoles, qui concerne plus de 440 postes, selon la CFTC.
"Ils veulent nous faire porter le chapeau"
Alors qu'elle produisait près de 23.000 pneus tourisme par jour il y a encore deux ans, l'usine d'Amiens-Nord n'en produit plus aujourd'hui que 9000 et les salariés sont contraints au chômage partiel une semaine par mois depuis six mois. Du côté des syndicats, après l'annonce du plan social, c'est l'abattement. "On est sous le choc, même si on savait que ça allait nous tomber dessus. C'est dramatique, une catastrophe pour 817 familles et pour l'agglomération amiénoise", a commenté Virgilio Mota da Silva, délégué Sud. "La direction n'a pris aucun engagement, si ce n'est de suivre la procédure légale. On va se bagarrer pour arracher le maximum. Ils ont gagné assez d'argent avec nous".
En juillet 2008, soit bien avant la crise, Goodyear-Dunlop avait décidé de mettre en oeuvre un plan de réduction de la production d'Amiens-Nord, après une décision de la CGT, majoritaire, de refuser une réorganisation du travail en quatre équipes au lieu de cinq. Pour le délégué Sud, le nouveau plan social constitue une "punition" pour ce refus syndical. "Ils veulent nous faire porter le chapeau, mais les gestionnaires, c'est eux. On ne peut pas nous rendre responsables de ce qui arrive. Ça fait 15 ans qu'ils n'investissent plus dans l'usine".
Dans son communiqué de mardi, le syndicat CFTC a dénoncé l'attitude de la CGT, affirmant qu'elle "porte une lourde responsabilité devant les salariés et leurs familles". Pour sa part, la direction de Goodyear-Dunlop n'a pas souhaité s'exprimer dans l'immédiat.