Florence Cassez, une Française emprisonnée au Mexique et dont la demande de rapatriement en France avait reçu l'appui de Nicolas Sarkozy, doit rester dans ce pays pour purger sa peine de 60 ans, a déclaré lundi le président mexicain Felipe Calderon.
gée de 34 ans, Florence Cassez avait initialement été condamnée à 96 ans de prison pour enlèvements et détention d'armes. Une cour d'appel avait ensuite réduit la durée de sa peine peu avant une visite effectuée en mars par le président français.
La prisonnière a toujours clamé son innocence.
Pendant son voyage au Mexique, Nicolas Sarkozy s'était mis d'accord avec son homologue Felipe Calderon pour créer un groupe de travail composé de juristes afin d'étudier les suites à donner à la demande de transfèrement en France de la jeune femme, une possibilité prévue par une convention de 1983 signée par Paris et Mexico.
Lors d'une conférence de presse, Felipe Calderon a déclaré que des experts français et mexicains étaient parvenus à la conclusion qu'il n'était pas possible de rapatrier Florence Cassez en France au nom de cette convention.
"Personne n'est au-dessus de la loi au Mexique (...) Le cas de Florence Cassez ne peut être une exception", a-t-il dit.
Les autorités françaises ont fait part de leur déception.
Selon un communiqué du ministère français des Affaires étrangères, c'est la partie mexicaine qui a décidé "unilatéralement" de mettre un terme aux travaux du groupe de travail franco-mexicain.
"La France exprime sa profonde déception que la partie mexicaine ait mis fin aux travaux du groupe, sans que le rapport conjoint demandé par les présidents ait pu être établi", déclare le ministère.
Le Quai d'Orsay ajoute que la France a proposé que soit opposé un refus à la demande de transfèrement de Florence Cassez dans un rapport "unilatéral" adressé à Felipe Calderon.
Selon lui, le point d'achoppement principal pour la partie mexicaine était la durée de la peine que devait accomplir Florence Cassez en France.
"DÉCEPTION"
"C'est forcément une déception pour les autorités françaises", a déclaré sur France Info le porte-parole du gouvernement français, Luc Chatel.
"La France continuera à utiliser tous les moyens de droit international qui sont à sa disposition pour obtenir le transfert de Florence Cassez", a-t-il ajouté.
L'avocat français de Florence Cassez, Franck Berton, a parlé sur France Info "d'énorme déception et d'incompréhension".
Selon lui, la déclaration du président Calderon est "plus politique que juridique, à 15 jours des élections législatives" au Mexique.
"C'est Florence Cassez qui (en) fait les frais", a-t-il ajouté. "On va saisir la Cour suprême."
Nicolas Sarkozy avait reçu les parents de Florence Cassez à plusieurs reprises au cours du printemps, assurant à l'époque qu'il ne laisserait "pas tomber" la ressortissante française.
Cette dernière avait été arrêtée en 2005, en même temps que son compagnon mexicain, lors d'un raid policier dans un ranch où trois personnes, dont une fille de huit ans, étaient retenues en otage.
Les affaires d'enlèvement sont un sujet très sensible au Mexique, où 8.000 personnes en sont victimes chaque année, bon nombre d'entre elles étant tuées même après le versement d'une rançon.
A l'approche des élections législatives du 5 juillet, nombre de membres de la classe politique mexicaine s'étaient opposés à un éventuel transfèrement de Florence Cassez en France.
Ils dénonçaient notamment l'asymétrie des peines entre le France et le Mexique.
La peine maximale prévue par la législation française est de 30 ans, et Florence Cassez aurait de fait vu sa peine divisée par deux en étant transférée dans l'Hexagone.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, Felipe Calderon a lancé une vaste offensive armée contre les cartels de drogue, dont les luttes intestines se sont traduites par la mort de quelque 6.000 personnes au Mexique l'an dernier. En général, ces cartels sont derrière les actes d'enlèvement qui interviennent sur leurs territoires.
Avec Benoît Van Overstraeten et Elizabeth Pineau à Paris, édité par Jean-Stéphane Brosse