LONDRES (AFP) - Les marchés boursiers d'Europe et d'Asie plongeaient de 3 à 5% lundi, leurs angoisses quant à l'avenir du système financier mondial étant alimentées par la menace de disparition de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers.
La Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d'Angleterre (BoE) ont rapidement publié des communiqués indiquant qu'elles étaient prêtes à intervenir si nécessaire sur les marchés des changes, alors qu'elles sont très attentives à l'apparition d'une crise financière majeure.
Pendant ce temps, le dollar plongeait face à l'euro et le pétrole glissait à moins de 93 dollars le baril, sur fond de craintes d'une chute de la demande d'énergie et de l'affaiblissement de l'économie mondiale, selon des courtiers.
Comme leurs homologues asiatiques, les Bourses européennes connaissaient un lundi noir. Vers 09H15 GMT, l'Eurostoxx 50 perdait 3,65%.
A Francfort, première place boursière européenne, le DAX chutait de 3,36% à 6.025,38 points.
A Paris, le CAC-40 dégringolait de 4,29% à 4.146,58 points, et à Londres le Footsie-100 lâchait 3,43% à 5.230,90 points.
La même tendance régnait dans toute l'Europe, comme à la Bourse suisse (-3,11%), Amsterdam (-3,76%), Bruxelles (-3,56%), Madrid (-3,25%) et Milan (-3,42%).
La chute était particulièrement rude à Prague (-5,51%), Istanbul (-4,70%) et Dublin (-4,20%).
La Bourse de Lisbonne perdait également environ 3%.
Les valeurs bancaires étaient affectées sur l'ensemble du continent: les banques italiennes UniCredit et Banca Popolare di Milano perdaient ainsi respectivement 5,61% et 4,41%, comme l'espagnole BBVA (-4,22%), ou les allemandes Commerzbank (-6,29%), Deutsche Bank (-6,13%) et Postbank (-6,04%).
Même détresse du côté des assureurs, alors qu'aux Etats-Unis AIG essaie de lever des fonds pour échapper au pire. A Francfort, Allianz en faisait les frais (-6,06%), comme le réassureur Munich Re (-4,73%).
La BCE "continue de surveiller de près les conditions du marché des changes dans la zone euro", a-t-elle indiqué dans un bref communiqué.
Les liens des banques allemandes avec la banque Lehman Brothers, qui va se déclarer en faillite lundi, sont "maîtrisables et peuvent être traités", a indiqué le ministère des Finances allemand, ajoutant qu'il était en contact étroit avec ses partenaires internationaux. Les actifs de la filiale locale de la banque américaine ont été gelés.
Le Moyen-Orient était également touché. Les différentes Bourses du Golfe étaient en forte baisse, certaines perdant jusqu'à 7%.
Les Bourses asiatiques avaient commencé par donner le ton de ce lundi noir.
A Bombay, l'indice Sensex des trente valeurs vedettes s'enfonçait de 4,12% à 13.424,32 points vers 09H15 GMT.
La Bourse de Taïwan a clôturé en forte baisse de 4,09%, comme celle de Singapour (-3,27%), tandis que la Bourse de Sydney a terminé en baisse de 1,8% et celle de Nouvelle-Zélande de 1,26%. Manille a perdu 4,2%.
Quatre des principales bourses de la région étaient fermées lundi pour cause de jour férié: celles de Tokyo, Hong Kong, Shanghai et Séoul.
La banque d'affaires américaine Lehman Brothers a annoncé lundi dans un communiqué qu'elle allait se déclarer en faillite dans la journée, "afin de protéger ses actifs et de maximiser sa valeur", faute d'avoir trouvé un repreneur.
La banque a perdu quelque 3,9 milliards de dollars au troisième trimestre de l'exercice en cours, après avoir été contrainte à d'importantes dépréciations d'actifs au niveau de son portefeuille de crédits immobiliers.
En un an, la valeur de son action a été divisée par plus de seize, et sa capitalisation boursière s'est effondrée à 2,49 milliards de dollars.
Cette déclaration de mise en faillite est la conséquence de l'impossibilité pour Lehman Brothers de trouver un acheteur, avec le retrait dimanche de la dernière banque intéressée, Barclays.
"Les valeurs bancaires sont l'élément déterminant" du recul de la Bourse, selon Michael Heffernan, analyste chez Austock Securities, en Australie.
"Les investisseurs ont vraiment la chair de poule face à la baisse de régime des marchés américains et à l'éventualité que le pire soit devant nous", a commenté Apurva Shah, de la maison de courtage Prabhudas Lilladher.
"Avec Lehman essayant de se placer en faillite pour éviter la banqueroute, Bank of America qui rachète Merril Lynch et AIG sous pression, il ne s'est pas passé autant en une journée dans toute l'histoire financière depuis le grand krach de 1929. (...) Je ne suggère pas que les marchés américains vont s'effondrer aujourd'hui, mais en terme d'événements marquants, c'est une journée historique", a déclaré à l'agence Dow Jones Newswires Marcus Droga, directeur associé de Macquarie Private Wealth.
"Les investisseurs ont maintenant peur que Wall Street tombe", a résumé Arch Shih, analyste de Taiwan International Securities.